Formatrice dans l’âme puis de métier, avant de devenir orthophoniste, je me suis intéressée
il y a longtemps déjà à la maïeutique de Socrate. Il prétendait faire accoucher les êtres de la Vérité en leur posant des questions dont le cheminement logique les y conduisait tout naturellement.
Je l’ai longtemps appliquée, partant d’où en était mon patient, selon ce que je devinais à travers ses erreurs. Cela semblait fonctionner avec la plupart. Mais je les trouvais passifs et je ne comprenais pas pourquoi certains ne s’appropriaient pas la démarche. Je ne suis pas la seule, n’est-ce pas ?
La question a vraiment commencé à me travailler lorsqu’une formatrice GEPALM m’a fait prendre conscience qu’il n’y avait pas La Vérité du cheminement logique mais bien plusieurs chemins logiques pour arriver à un même résultat. Les choses se compliquaient : comment deviner alors ce qui se passait dans la tête de mon patient ? L’analyse de la production n’était plus suffisante… Vous le saviez, non?
Un autre problème plus insidieux se posait et c’est une patiente qui m’en a fait prendre conscience. Adulte, en fin de rééducation post-AVC, elle revenait de vacances. Ça s’était bien passé hormis un petit souci mais elle a su trouver une solution… en se
demandant « Comment aurait fait mon orthophoniste ? » ! J’ai alors été prise d’un vertige en me représentant ma patiente se posant cette question face à chaque problème du quotidien…vous imaginez un peu ?
Je devais absolument changer de méthode pour que mes patients prennent confiance en leur propre façon de penser. J’avais tout faux depuis le début (ok pas tout). Des lectures de spécialistes m’ont fait découvrir que la maïeutique socratique n’était qu’une façon très habile d’empêcher toute pensée libre pour amener l’interlocuteur à penser comme le maître. C’était réussi !
D’actives recherches et l’aide de mes collègues m’ont enfin amenée à la Gestion Mentale, à laquelle je me suis formée. Cette fois, c’est le patient qui doit découvrir comment il fonctionne, le thérapeute n’est qu’un peu guide et beaucoup miroir. C’est donc la conjonction de nos savoirs – mon savoir théorique et son savoir expérientiel – qui permet la remédiation. En cherchant à approfondir cette posture nouvelle, j’ai découvert qu’elle avait un nom : le partenariat patient.
En somme, si mon expérience thérapeutique m’a incitée à me poser des questions sur ma pratique, c’est une petite phrase lourde de sens qui été le déclic pour chercher une solution.
Ça m’a finalement décidée à changer ma façon d’exercer. Et vous ?