Vous avez tous entendu parler de l’Education Thérapeutique du patient, ou ETP. Il s’agit pour le soignant de donner les explications nécessaires, en lien avec le projet de vie du patient, afin de le faire adhérer aux soins et de le rendre autonome, capable d’autogérer ses soins.
Mais je suis certaine qu’il vous est déjà arrivé d’être confronté à un manque de motivation de votre patient. Pourquoi ? Et d’où vient sa vision si différente de la vôtre ? Et bien, si…vous lui demandiez son avis ? C’est la base d’une relation thérapeutique centrée sur le patient et dans laquelle il a pleinement son rôle.
Je vais donc vous expliquer comment et pourquoi le concept d’ETP a évolué vers celui, bien plus équilibré, de Partenariat Patient.
On peut distinguer 3 causes ayant amené à l’idée d’éducation thérapeutique puis de partenariat avec le patient.
- Le handicap et les maladies chroniques entraînent un changement dans les habitudes de vie. On peut en prévoir certains paramètres (temps allongé pour certaines activités, besoin d’un aidant…), lesquels sont discutés lors de l’éducation thérapeutique. Mais ils apportent aussi des contraintes spécifiques à chaque patient et qui ne peuvent toutes être prévues et doivent être formulées pour que des solutions puissent être cherchées. Ainsi, même si patient n’avait pas pensé que le temps plus long du repas le ferait arriver systématiquement en retard à son club du mardi après-midi, les questions du thérapeute sur sa vie quotidienne feront émerger ce problème et ils pourront, ensemble, réfléchir à une solution qui convienne : il pourra se mettre à table plus tôt ou prévoir un repas mixé pour le mardi midi.
- De plus, avec l’éducation à la santé et maintenant avec internet, les patients accèdent plus facilement à l’information médicale, sur des sites ou des forums pas toujours fiables d’ailleurs. Tout cela augmente les besoins et les moyens des patients, voire chez certains des désirs de s’autogérer. Je suis sûre que vous les connaissez ces patients qui ont fait un autodiagnostic en remplissant un formulaire sur internet !
- Enfin, est née la recherche d’une meilleure coordination pour une meilleure continuité des
soins (pensons au virage ambulatoire en France, qui vise à faciliter le soin en ville plutôt qu’à l’hôpital). Et là, on s’est aperçu que le dernier maillon de la chaîne était le patient lui-même.
La première étape a donc été celle de l’éducation thérapeutique ( ETP), c’est-à-dire d’un soignant qui enseignait au patient. Nous sommes beaucoup à avoir été formés à cette pratique, et la guidance parentale rentre dans cette catégorie. Mais il faut avouer que certains conseils tous prêts tombent un peu comme un cheveu sur la soupe !
Dans les années 70 (1970, je précise pour ceux qui sont nés au XXIe siècle 😉 ), on a enfin donné la parole aux patients et on a osé les écouter, dans une démarche de soin centré sur le patient (cf. Carl ROGERS). L’accompagnement parental a suivi pour les soins aux enfants : les conseils sont désormais adaptés au vécu des familles.
Puis on a eu l’idée qu’un patient ainsi formé pouvait enseigner à un autre patient, ce que l’on retrouve souvent dans les associations, et c’est devenu une part importante de l’ETP. On retrouve cette idée dans le concept de Patient Ressource, formalisé dans le Partenariat Patient comme un aboutissement du parcours thérapeutique de certains patients volontaires.
Mais il a fallu un peu de temps avant de comprendre l’intérêt d’une récursivité : le patient peut à son tour enseigner au soignant, lors des consultations et après, jusque dans les facultés de médecine. Il faut dire que c’est un complet renversement de paradigme, que dis-je, un bouleversement culturel !
Et vous ? Etes-vous prêt.e à apprendre de votre patient ?