Vous avez été plusieur.e.s à télécharger le questionnaire gratuit mais certain.e.s d’entre vous vous êtes posé des questions. Si vous ne trouvez pas ci-dessous les réponses à vos questions, n’hésitez pas à commenter ou me contacter !
Quand proposer le questionnaire ?
Tout dépend de l’urgence de la demande et de la relation établie avec le patient :
- Votre patient vient pour une urgence (aphonie, refus scolaire, paralysie faciale, bégaiement débutant chez un petit ou bégaiement très important…). Il est urgent de le rassurer et d’améliorer son confort de vie par des résultats rapides (même faibles). On attendra ces premiers résultats pour faire passer le questionnaire.
- Votre patient a hésité longtemps avant de venir et n’est pas sûr que ce soit le bon choix. Il n’est pas venu pour de la paperasse (déjà qu’il n’a pas apprécié le bilan) ni pour être soûlé par nos questions. Les premiers résultats dans sa vie quotidienne le motiveront. Vous pourrez seulement alors lui proposer le questionnaire pour aller plus loin.
- Votre patient vient pour un problème chronique (trouble de la mémoire, du langage, des mathématiques…) et la restitution du bilan l’a persuadé de l’intérêt de l’orthophonie. Vous avez tout intérêt à proposer rapidement le questionnaire pour préparer le patient et/ou son aidant à agir en direction de l’autonomie et éviter que la rééducation dure sans savoir ce qui permettra de l’arrêter.
Suivez votre intuition clinique, c’est votre expertise qui vous permettra de savoir quand proposer le questionnaire. Un de mes patients avait l’air perdu, refusait certains éléments du Lidcombe. Le questionnaire aurait permis de mettre au clair ses attentes. Mais sa façon de me demander de me mettre au boulot avec son fils m’a indiqué que c’était-là une manière de se rassurer, car en relâchant le jeu cette semaine-là le bégaiement était devenu plus fort. J’ai donc travaillé directement avec son fils, lui ai conseillé de refaire le jeu, et, comme il ne veut pas remplir l’échelle, lui ai proposé de filmer son fils à la prochaine séance puis régulièrement pour voir l’évolution, ce qu’il a accepté. Je vais le noter dans le questionnaire. De temps en temps, je lui poserai quelques questions du questionnaire, pour le remplir par petits bouts et finalement lui faire signer.
Être en partenariat c’est aussi respecter le rythme du patient sur son chemin thérapeutique, un peu comme on attend le plus lent lorsqu’on est en randonnée.
Comment proposer le questionnaire ?
À tous les patients, on commence toujours par expliquer ce qu’est le Partenariat Patient (la 1e page du questionnaire vous y aidera et vous pourrez bientôt utiliser un nouveau document illustré que je vous prépare). Sachez qu’il y a de multiples manières de mettre en place l’échange d’informations et la co-décision. Le questionnaire que je vous propose en téléchargement en est un, mais vous pouvez l’adapter selon votre pratique. Il connaîtra d’ailleurs des évolutions pour s’adapter davantage aux pathologies et aux patients.
Une fois le principe compris par le patient, on l’aide à remplir les 2 premières questions : celle de la motivation et celle du temps. Certains préfèrent écrire eux-mêmes, mais la majorité se sentent plus libres dans leur réflexion s’ils n’ont pas la tâche de rédiger. Je donnerai bientôt accès aux abonnés à un nouveau document ne montrant que les échelles : le patient peut pointer tandis que l’orthophoniste remplit le questionnaire sous ses yeux. Si les scores en motivation et/ou temps sont mauvais, je les incite à expliciter et je les rassure : nous nous adapterons à leurs capacités d’engagement – car l’autonomie ça s’apprend – et à leur temps disponible – on peut appliquer ce qui est découvert en séance dans les devoirs ou les activités quotidiennes, on n’est pas obligé d’y passer 112 heures ! ouf !
Ensuite on remarque rapidement 3 types de patients :
- Il y a ceux qui comprennent tout, très enthousiastes, bavards, qui font souvent des digressions, veulent agir. Ils dont déjà bien engagés dans le Partenariat. S’ils ont de bonnes capacités de lecture/écriture, on peut les laisser terminer seuls le questionnaire sauf la dernière page, qu’on remplit ensemble.
- Il y a ceux qui comprennent mais n’ont pas confiance en eux, il faut leur tirer les vers du nez, leur donner confiance en leur jugement, les rassurer sur le fait qu’on ne cherche pas la vérité mais juste leur avis. Ils ont tendance à répondre « je sais pas », « vous savez mieux » ou « comme vous dites ». Ceux-là on les accompagne jusqu’au bout ou presque, jusqu’à ce qu’ils se sentent assez confiants. On les retrouve souvent plus confiants dès la réévaluation quelques mois plus tard.
- Enfin, il y a ceux qui ont de la difficulté à comprendre les questions et pourquoi on les leur pose. On devra alors les accompagner jusqu’au bout et ça prend du temps. On exige moins de commentaires mais on doit remplir les échelles. Avec un peu de chance ils monteront dans la 2e catégorie lors de la réévaluation. Courage !
Vous aurez compris que chaque catégorie, et chaque nuance possible entre elles, représente un stade dur le chemin thérapeutique en Partenariat Patient. Pour certains le chemin sera plus long, pour d’autres, il sera plus court et vous pourrez rapidement mettre fin à la rééducation.
La dernière partie est remplie en mettant en commun les difficultés (dont les priorités) et les solutions proposées (avec davantage de détails pour les priorités). On décide ensemble – j’y tiens – de qui fait quoi, quand et où d’une manière générale. Par exemple, que peut faire Maman contre le bégaiement de son fils si c’est Papa qui fait le protocole Lidcombe ? Est-ce qu’on inclut Papi, qui vient tous les mercredis, dans le développement du lexique ? Que peut-on mettre en place à l’école ? Pour les adultes, on peut demander : que doit savoir le conjoint ? Souhaitez-vous être présent.e quand je lui parlerai ? Vous pouvez faire des propositions, dans l’idéal pour chaque problème plusieurs solutions avec leurs avantages inconvénients, mais toujours suivies de « Qu ‘en pensez-vous ? » adressé aux patients/aidants/ parents.
C’est seulement votre capacité à mettre en place les conditions de cette co-décision qui vous mettra sur le chemin thérapeutique du Partenariat. Ce chemin, je vous en offrirai bientôt une illustration pour l’expliquer à vos patients, et vous verrez que c’est le plus court vers leur bien-être et leur autonomie !